Plan Economie Circulaire
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Intervention de Jérôme Gleizes relative au Plan Economie Circulaire

 

Merci, Madame la Maire.

Chers collègues en ce début d’été, ce plan et cette communication sur l’économie circulaire arrivent à un moment opportun. Les derniers relevés climatiques sont inquiétants, jamais la planète n’a été aussi chaude depuis que l’humanité existe, les géologues disent que nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique : l’anthropocène.

Nous, êtres humains, sommes devenus des acteurs géologiques, c’est-à-dire que nous avons modifié des équilibres en deux siècles, qui ont mis des millions d’années à s’établir. Les derniers rapports nous montrent que nous devrons déjà nous adapter aux changements irréversibles en cours, du moins de la réalité de la civilisation humaine.

Notre empreinte écologique est trop grande. Nous prélevons à la planète plus que ce qu’elle régénère, il faudrait plus de 4 planètes si tous les êtres humains consommaient autant que les Parisiennes et les Parisiens. Rien que pour la consommation alimentaire, la consommation d’un Parisien, c’est 6 hectares par an.

Cette feuille de route est intéressante, mais nous devons aussi préparer la deuxième car il reste des choses qui sont encore au milieu du gué.

Par exemple, elle se centre trop sur le recyclage et pas assez sur la révolution de l’économie circulaire par rapport à l’économie linéaire des siècles derniers. Le déchet n’est pas une ressource ni pour l’incinération, ni par rapport à du recyclage qui oublie la dimension énergétique du déchet.

En effet, le grand avantage de l’économie circulaire c’est d’analyser l’économie en termes de flux physiques et pas uniquement monétaires. La notion de métabolisme territorial devient essentielle en analysant l’ensemble des flux et notamment énergétiques sur le territoire parisien. Je voudrais saluer le site « métabolisme.paris.fr » que Mme PAWLIK devrait regarder pour voir le travail qui a été fait en amont pour comprendre ce que l’on fait aujourd’hui.

Je voudrais illustrer cela par 2 exemples sur la surconsommation parisienne pour voir que les enjeux sont très importants. Paris importe l’équivalent de 8,8 tonnes de matières par habitant pour son fonctionnement, dont 20 % de combustibles fossiles. Autre exemples encore plus important, entre 1801 et 2006 la demande énergétique totale par an de la Ville de Paris est passée de 40 à 300 pétajoules, ce qui est énorme et insupportable sur du moyen terme.

Les lois du thermodynamique, notamment celle de l’anthropie rattrapent les lois économiques et mettent en danger la civilisation humaine. Par exemple, le recyclage nécessite une dépense énergétique trop grande par rapport au réemploi, à l’usage de la consigne. Nous devons réduire toutes nos dépenses énergétiques, la réduction des énergies carbonées ne suffira pas à répondre aux enjeux climatiques.

Le découpage, c’est-à-dire la déconnexion entre la nature monétaire et la nature énergétique de la production est un objectif primordial. Aucune technologie n’a pu parvenir aux objectifs nécessaires. Nous fonçons droit dans le mur si nous ne réduisons pas notre consommation d’énergie et de ressources naturelles en volume comme le montre l’équation de Kaya, qui met en relation émission de gaz à effet de serre, intensité en carbone de notre modèle énergétique, richesse moyenne par habitat et population.

Ce n’est plus une question de moins d’impact, mais de réduction de l’impact aujourd’hui qu’il faut faire.

La révision de l’empreinte écologique, c’est la consommation de ressources naturelles non renouvelables. C’est devenu aujourd’hui une condition nécessaire et indispensable, mais pas suffisante. En effet, la production de l’énergie est confrontée au paradoxe, que l’économiste anglais William Stanley Jevons avait montré en 1865 à propos de la consommation de charbon : plus les technologies s’améliorent, plus une ressource est employée efficacement, plus la consommation totale de cette ressource augmente au lieu de diminuer.

Ce paradoxe implique que l’introduction de technologies plus efficaces en matière d’énergie peut augmenter la consommation totale de l’énergie. L’amélioration d’efficacité énergétique entraîne une augmentation du volume d’énergie consommée. Ce paradoxe est patent. L’amélioration de la productivité dans le travail n’a pas entraîné une diminution de la production, elle a permis de dégager de la main-d’œuvre pour d’autres productions.

C’est la même chose avec l’énergie. De manière générale, le paradoxe suivant nous rappelle la malédiction de l’effet rebond qui est l’augmentation de la consommation liée à la réduction des limites à l’utilisation technologique. Ces limites peuvent être monétaires, temporelles, sociales et physiques.

Un exemple positif et un exemple négatif. L’exemple positif est la question du biodéchet. Ce qui est intéressant dans la gestion du biodéchet, c’est que cela permet aussi d’intervenir sur le cycle de méthane et notamment d’éviter que l’émission de méthane qui a un effet de serre bien plus important que le gaz carbonique.

Par contre, un effet négatif est celui des datacenters. Les datacenters poussent à la surconsommation et sont en effet négatifs à l’affaire.

Pour terminer, chers collègues, il est important que nous modifiions notre vision du monde et nos pratiques, si nous voulons répondre aux enjeux écologiques et nous en sommes encore assez loin.

Une réflexion au sujet de “Plan Economie Circulaire

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