LVMH et l’ancien musée des Arts et Traditions populaires
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Intervention d’Yves Contassot relative à LVMH et l’ancien musée des Arts et Traditions populaires

 

Merci, Monsieur le Maire.

Par-delà les questions de démocratie et juridiques soulignées par David BELLIARD, il faut également regarder les autres aspects de ce projet. Sandrine MÉES parlera des aspects soi-disant culturels et je me concentrerai donc sur les aspects architecturaux et patrimoniaux.

Pour ce faire, le plus simple, le plus évident est de se référer au rapport de l’inspecteur des sites et à celui de l’architecte des Bâtiments de France, tels qu’ils ont été présentés lors de la réunion de la Commission des sites, le 23 mars, il y a quelques jours. C’est peu dire qu’ils sont dévastateurs pour le projet.

Ainsi, contrairement à la Charte des bois et même la réglementation sur les sites classés, l’inspecteur des sites souligne l’augmentation de la surface imperméabilisée et de l’emprise au sol, contrairement au discours tenu.

Il met en évident que la création d’une salle de spectacles de 4.000 places n’est pas conforme à la destination du bois de Boulogne, telle qu’elle est définie par la loi de 1852 qui précise que les bois sont destinés à la promenade. Cette destination sera d’ailleurs confirmée régulièrement, notamment lors de l’arrêté de classement de 1957, de la décision du Conseil d’Etat de 1979, ou encore de l’arrêté du Préfet de police de 2012 qui fera d’ailleurs référence à la Charte des bois, lui conférant ainsi de facto une portée juridique.

L’inspecteur des sites met également en exergue les contradictions avec la construction de la fondation L.V.M.H., puisqu’il a été annoncé que l’émergence de la Canopée était une des vertus de ce bâtiment, sous-entendant que le maintien des bâtiments des arts et traditions populaires n’était pas envisagé. C’est un des arguments qui avait emporté l’avis favorable de la Commission des sites.

Nous sommes donc, à peu de choses près, dans la même situation qu’avec Roland Garros et les promesses de la Fédération française de tennis de ne plus jamais s’agrandir, avant de renier la parole.

La conclusion du rapport est édifiante. L’inspecteur des sites acte la convergence des intérêts publics et privés. Il insiste sur le manque de nombreuses informations. Il déclare enfin que l’émergence tardive du projet et son instruction accélérée n’ont pas permis de travailler à sa bonification. Il demande enfin que les points évoqués dans ce rapport soient revus.

Quant à l’architecte des Bâtiments de France, elle considère qu’il est demandé à la Commission, je cite, « de signer un chèque en blanc ». Elle exige néanmoins une limitation des surélévations. Elle conclut sévèrement : « Ce n’est pas un projet digne d’un monument historique. »

De plus, nous avons appris en pleine Commission que L.V.M.H. envisage de recourir à la géothermie, sans même avoir demandé aucune autorisation pourtant nécessaire. Quant aux consommations énergétiques, le bureau d’études a annoncé très fièrement que le futur bâtiment serait très performant, puisqu’il consommerait environ 450 KWh par an et mètre carré. Faut-il en rire ou en pleurer ?

Vous l’avez compris, ce projet est purement politique.

Affirmation qui s’appuie d’abord sur l’absence de mise en concurrence, sur la convocation aussi rapide de la Commission des sites, le dépôt du permis de construire avant même toute information au Conseil de Paris et au vote de notre Assemblée, l’obligation donnée aux services de l’Etat au sein de la Commission des sites de se prononcer favorablement par un arbitrage au plus haut niveau de l’Etat, la demande du Préfet en séance de la Commission des sites de ne pas émettre de réserves malgré les remarques justifiées de ses propres services et l’obligation de tenir compte de l’avis de l’architecte des Bâtiments de France.

Il y a fort à craindre que tout cela se passe assez mal dans l’avenir et que des recours ralentissent considérablement le projet, tant il est mal ficelé, bricolé à la hâte pour avoir les autorisations avant les prochaines échéances électorales.

Il était possible d’avoir une réelle réflexion sur l’aménagement de ce site, d’explorer les différentes solutions possibles, de rechercher un consensus. Il est vraiment regrettable que ce soit un projet imposé par la pression d’un milliardaire qui soit finalement retenu.

Je vous remercie.

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