Plan pour une alimentation et une agriculture durable
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Réponse de Célia Blauel aux interventions relatives au Plan pour une alimentation et une agriculture durable

 

Merci, Madame la Maire.

Je m’attendais à beaucoup d’interventions, beaucoup de sujets ce matin, mais pour démarrer, je voudrais réagir à l’intervention de M. VESPERINI pour dire que nous n’avons pas de sujets tabous dans cette Assemblée, encore moins sur la bière. Etant moi-même d’origine alsacienne, je n’ai pas de problème avec cela. Ce qui me choque tout particulièrement, c’est que dans une autre vie, j’ai eu à côtoyer le lobby de l’alcool et que vous fassiez la lecture ce matin, en citant trois fois les Brasseurs de France, qui sont des gens qui ne se mobilisent ni pour l’agriculture durable ni pour la santé, me pose un vrai problème.

Ceci étant dit, on pourra en reparler et je vais repartir au sujet plus global de l’alimentation et de l’agriculture. Plusieurs d’entre vous l’ont dit : faire le choix d’une alimentation, c’est faire un vrai choix politique, selon cette formule largement utilisée de l’assiette à la planète, puisque c’est un enjeu en matière de santé. L’Organisation mondiale de la santé avait prédit que le XXIe siècle malheureusement verrait l’émergence de maladies dites non transmissibles liées à l’alimentation et au cadre de vie.

C’est un enjeu d’environnement. Soutenir une agriculture bio locale, c’est lutter contre les pollutions de l’air, du sol, de l’eau. C’est soutenir aussi une filière plus respectueuse de la santé et de la rémunération des paysans. C’est aussi réduire l’empreinte écologique. Je le rappelle encore une fois ici : l’alimentation effectivement pèse pour beaucoup dans le bilan carbone de notre ville et c’est pourquoi elle fait aussi l’objet d’une attention particulière dans notre plan Climat.

Contrairement à ce que j’ai pu entendre ce matin, entre certaines critiques ou autres injonctions et bonnes leçons, cette communication fait preuve d’une ambition forte et qui inscrit clairement notre ville dans une dynamique de transition écologique de notre modèle de ville et de société.

Pour ma part, et pour répondre aux différentes interrogations qui ont été soulevées, je centrerai mon intervention sur un des projets forts qui est rattaché à cette délibération : l’élaboration d’une stratégie alimentaire pour le territoire parisien qui pose une vision globale mais aussi prospective pour notre territoire. C’est avec l’idée d’avoir trois objectifs forts.

C’est travailler d’abord sur la résilience du territoire parisien. Il ne s’agit évidemment pas de faire l’autonomie alimentaire de Paris au sein du territoire parisien, mais par exemple de travailler sur la distance moyenne que met un aliment à arriver dans votre assiette en travaillant sur la logistique, mais aussi dans un dialogue avec la filière agricole, la diversification des filières, à travailler sur le soutien de nouveaux outils de transformation ou encore à soulever cette nouvelle problématique de l’accaparement des terres qui touche aussi l’Europe désormais.

Le deuxième objectif est évidemment d’avoir une attention particulière sur la question environnementale. Comme je l’ai dit, travailler sur ces filières, c’est baisser les pollutions, réduire les émissions de gaz à effets de serre. Nous allons donc travailler sur les aspects de logistique, le développement de bonnes pratiques sur le territoire.

A ce titre, je voudrais réagir aux interventions de Yann WEHRLING et de Geoffroy BOULARD, pour dire à Yann WEHRLING que nous partageons les enjeux mais ce changement de modèle qu’apparemment nous appelons conjointement demandera aussi une implication de tous les acteurs locaux. J’ai trouvé un peu fort les attaques de la Ville par rapport au désengagement que l’on note depuis l’année dernière de la Région sur ces questions, que ce soit l’association AQUI’Brie qui travaille sur l’importante nappe de Champigny – la plus importante d’ailleurs d’Ile-de-France-, les AMAP Ile-de-France, le GAB Ile-de-France, Terre de liens qui se sont vu sabrée voire supprimée leur subvention. Il faut vraiment que cela change là-dessus.

Puis pour répondre à Geoffroy BOULARD, vous parlez d’un déni de réalité par rapport à notre action par rapport à l’agriculture dite conventionnelle et j’ai envie de vous retourner le compliment puisqu’aujourd’hui nous travaillons avec tout le monde à la Ville de Paris. J’en veux pour preuve ce que l’on fait avec Eau de Paris. Nous travaillons autant avec les bio que les conventionnels. J’en veux aussi pour preuve cette visite que nous avons faite à la Ferme de Paris avec la Maire de Paris, la semaine dernière, où nous étions entourés de tout le monde agricole.

Mais force est de constater aujourd’hui que la bio a un impact plus intéressant sur la santé en réduisant l’impact des pesticides, des perturbateurs endocriniens. Cela a un impact plus important sur l’environnement et, en termes de modèle économique, de plus en plus de paysans se tournent vers la bio, voyant bien que le modèle productiviste tourné vers l’exportation les emmène dans le mur.

Enfin, troisième objectif et j’en terminerai par-là, c’est l’idée d’aborder la question sociale avec cette stratégie alimentaire, avec autant l’idée d’apporter une juste rémunération aux paysans de cette filière, mais aussi une attention particulière pour les Parisiens, pour que chacune et chacun ait accès à une alimentation de qualité.

En moyenne, les Parisiens – nous avons une étude qui le montrent – mangent déjà très bien, consacrent un budget important à leur alimentation, plus important que la moyenne française, mais 70.000 d’entre eux sont en situation de précarité alimentaire, 45.000 d’entre eux bénéficient de l’aide alimentaire. L’idée est donc bien de soutenir un certain nombre d’initiatives, de développer des plateformes de circuits courts. D’ailleurs, très rapidement, Madame NAHMIAS, je vous invite à regarder la plateforme des Acteurs du Paris durable – ces acteurs que vous citez sont déjà recensés par la Ville – mais aussi d’aller plus loin.

Donc, j’en profite pour répondre aux deux vœux qui me sont soumis.

D’abord, celui du RGCI pour donner évidemment un avis favorable et prendre en compte votre suggestion tout à fait pertinente de travailler sur la question des particuliers, notamment des jeunes et de leur mode alimentaire. Ainsi qu’au Groupe communiste pour dire qu’en lien tout particulier avec l’action que mène Dominique VERSINI dans le cadre de la lutte contre la grande exclusion, nous allons avec un petit amendement évidemment accepter votre vœu, si l’amendement qui convient, pour voir comment dans l’année qui vient on pourra étudier le remplacement de cette aide qui a été supprimée.

Voilà dans les grandes lignes, il y aurait beaucoup à dire.

Je souhaiterais simplement conclure en vous disant que cette stratégie d’alimentation pour l’agriculture, quelles que soient les actions que nous avons portées dans cette communication, devra prendre la forme d’une stratégie multi- acteurs.

Comme l’a dit Madame la Maire c’est aussi bien au-delà de la Ville, car ce n’est pas que notre compétence mais en impliquant la Région, voire les régions et la métropole dans l’idée de refondre vraiment le lien urbain et rural, avec toute l’humilité que nous devons conserver et aller vers un partenariat fort entre ces territoires, mais aussi nous poser la question du cadre national et européen.

Voilà dans les grandes lignes, mais je crois que nous avons largement dépassé le y’a qu’à, faut qu’on de certains et certaines, pour mettre les mains dans le cambouis alors même que ce n’est pas notre compétence.

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