Plan Piéton
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Réponse de Christophe Najdovski aux interventions relatives au Plan Piéton

 

Merci, Madame la Maire.

L’élaboration d’une stratégie « Paris Piéton » est partie d’un constat et d’un paradoxe : la marche représente près de 60 % des déplacements à Paris et elle mérite donc qu’une politique municipale structurée et dédiée lui soit consacrée. Et dans les politiques de déplacement menées par le passé, les seuls objectifs de fluidité de la circulation motorisée ou de stationnement des véhicules individuels ont très longtemps guidé la conception de la voirie publique. Pourtant, il y a une expression forte, une volonté de reconquête du territoire par et pour l’usager piéton. Il y a la volonté d’une ville plus accueillante où il fait bon vivre et respirer. Pour preuve, dans une enquête menée par l’Atelier parisien d’urbanisme auprès des Parisiens, les termes « rendre l’espace public aux piétons » et « permettre de nouveaux usages » reviennent de manière systématique.

Ce constat nous a amenés à prendre en considération le piéton comme mode premier de déplacement. Il nous a amenés à réinterroger les modes de fabrication et de gestion des espaces publics parisiens, car il s’agit bien ici de proposer des outils, des méthodes pour fabriquer ou adapter l’espace public en faveur des piétons. Il faut nous donner les moyens d’une ville « marchable » pour renforcer encore cette part modale et réunir les conditions de la pratique de la marche, à savoir plaisir, confort et sécurité.

Les piétons sont les usagers de l’espace public les plus vulnérables et parmi eux, les enfants, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite doivent être particulièrement protégés. A ce titre, pour les personnes en situation de handicap, pour chacune d’entre elles, une bande de guidage permettra, sur les places qui seront réaménagées – les sept places – tel un fil d’Ariane, aux voyants, aux mal voyants et aux non-voyants de se repérer et de se déplacer en toute sécurité et en toute autonomie.

Rendre la ville « marchable » correspond aussi à une réelle attente des Parisiens et elle correspond aussi à l’idée d’une ville inclusive, c’est-à-dire une ville dans laquelle tous les usagers de Paris ont leur place. Cette question de la place du piéton est centrale puisque, dès que l’on ouvre ou que l’on rouvre des espaces aux piétons, le succès est garanti. Je prendrai l’exemple des berges rive gauche ou encore de la place de la République, hier, respectivement autoroute urbaine et carrefour routier saturés par la circulation motorisée, aujourd’hui, très largement réappropriés par les piétons de tous âges.

Je rappellerai le succès considérable des berges rive gauche : 6 millions de promeneurs en 3 ans. Je parlerai aussi du succès naissant et grandissant des berges rive droite qui deviennent déjà un « spot », autrement dit « un secteur piéton ouvert à tous » pour les marcheurs et les joggeurs. Réhabiliter la place du piéton dans la ville est aussi une très forte demande exprimée très largement à l’occasion du budget participatif puisque les projets piétons sont souvent plébiscités par les Parisiens. Ce Plan piéton traduira en actes les projets votés par les Parisiens. Je rappellerai aussi, pour mémoire, le succès des opérations « Paris Respire » tous les dimanches, ou encore la Journée sans voiture, ou encore les Champs-Elysées piétons chaque premier dimanche du mois.

Alors, oui, réhabiliter la marche, la favoriser, c’est mener une politique publique qui bénéficie au plus grand nombre et la marche a de nombreux atouts. Elle est rapide pour les courtes et moyennes distances. Elle est bonne pour la santé. Cela a été dit. Faire une activité physique de 30 minutes de marche par jour permet de prévenir un certain nombre de pathologies chroniques. Je pense à l’obésité, aux maladies cardiovasculaires, respiratoires, cancer, diabète et autres. C’est aussi un mode économique. C’est le moins cher de tous les modes de déplacement. C’est un mode non polluant. La marche est également facteur d’attractivité et de dynamisme économique. Il faut préciser que, souvent, les Parisiens, lorsqu’ils choisissent leur logement, c’est aussi en fonction du quartier et des offres de proximité qui sont facilement accessibles à pied. On peut aussi citer le fait que, parmi les déplacements motivés par les achats, 79 % se font à pied. Bref, la marche est un facteur d’équité et de cohésion sociale.

Aussi, avec la stratégie « Paris piéton », nous proposons de lancer cinq chantiers pour la mandature. Vous les avez rappelés, Madame la Maire. Je ne les déclinerai pas dans le détail, mais je rappellerai tout de même quelques grandes orientations. Tout d’abord, il s’agit de faciliter les continuités piétonnes de nouveau partage de la voirie, notamment l’apaisement des grands axes routiers. Il s’agit de valoriser aussi les grandes promenades. La question de la promenade urbaine du boulevard de la Chapelle a été évoquée, mais c’est aussi le parcours sportif qui est projeté sur les boulevards de Belleville, Ménilmontant et de Charonne. C’est aussi la promenade urbaine du boulevard Raspail, chère au Maire du 6e arrondissement. C’est également aménager les sept places qui sont en projet à Paris. C’est aussi faciliter les franchissements et atténuer les ruptures urbaines, notamment aux portes de Paris.

Penser la question du piéton, c’est aussi favoriser la diversité d’usages dans la rue avec, notamment, les projets de rues aux enfants, mais c’est aussi, dans une démarche de ville inclusive, développer des assises, notamment pour les personnes à mobilité réduite. Il faut le dire : il n’y a rien de tels que des bancs publics pour faire marcher une ville.

Cette stratégie « Paris piéton » définit quelques grands chantiers. Elle va aussi nous permettre des déclinaisons opérationnelles. Je répondrai ainsi à ceux qui disent que c’est un projet creux. Une cinquantaine de projets d’aménagement renouvelant le partage de la rue sont ainsi financés par le plan d’investissement de la mandature. Ce sont une vingtaine de projets supplémentaires qui sont issus du budget participatif « Paris aux piétons » qui concrétiseront les orientations de cette stratégie « piéton ».

J’en viens à présent aux interventions et aux réponses aux vœux déposés par les membres de notre Conseil. Nous donnerons un avis favorable au vœu du groupe Ecologiste de Paris relatif à l’aménagement de l’espace public centré sur les besoins du piéton, avec un amendement qui, je pense, sera accepté. Nous donnerons également un avis favorable pour l’expérimentation d’aménagements de quartiers sans signalisation par feux tricolores, là encore, avec un léger amendement.

Je voudrais donner aussi quelques éléments sur les vœux relatifs à l’extension des voies piétonnes déposés par les élus Radicaux de Gauche, ou encore l’amélioration du revêtement des trottoirs, répondre également au vœu relatif à la mixité dans les futurs travaux d’aménagement, ou encore à celui sur l’état des lieux concernant l’état de la voirie, ou encore l’état général des trottoirs parisiens, en vous disant que pour ces vœux, qui portent sur le suivi de la stratégie « Paris piéton », nous pourrons faire un avancement de ces projets et répondre ainsi aux vœux à l’occasion d’un document de synthèse annuel puisque nous prévoyons des présentations régulières, à la fois en Commission extramunicipale des déplacements et par un document annuel qui, chaque année, permettra de savoir où nous en sommes de la mise en œuvre de la stratégie « Paris piéton ».

Notre vœu de l’Exécutif apporte également une réponse sur les points soulevés par les vœux du groupe Radical de Gauche, Centre et Indépendants, les vœux du groupe UDI-MODEM ainsi que celui du groupe les Républicains, puisqu’un bilan de la réforme du règlement de voirie est en cours. Il sera présenté prochainement en 3e Commission du Conseil de Paris. Il est évident aussi que l’état des trottoirs et leur niveau d’encombrement, qui constituent une problématique centrale du confort de la rue, doivent être des indicateurs de suivi de la stratégie « Paris piéton ». Enfin, la question du genre doit, bien entendu, elle aussi, constituer un indicateur d’appréciation et de suivi des projets.

Je voudrais dire un mot également du vœu du groupe les Républicains et de l’intervention de Mme KOSCIUSKO-MORIZET qui a parlé de tout, sauf du sujet, puisque vous parlez d’une mise en perspective de la stratégie municipale des déplacements. Je voudrais vous rappeler, Madame KOSCIUSKO-MORIZET, qu’il suffit de lire ou de relire la feuille de route qui date de mai 2014. Je vous la donnerai à l’issue de ma réponse pour vous rappeler que tout ceci figure dans la feuille de route que la Maire de Paris nous a confiés, et m’a confié personnellement, en mai 2014 et que tous ces projets ont été engagés au début de la mandature. Ce qu’il ressort de votre vœu, c’est une forme de conservatisme, une vision des déplacements qui ne sont vus qu’au travers d’un seul prisme, celui de la circulation automobile. Votre vœu incrimine finalement notre action. Il nous est reproché d’agir et d’avoir une vision qui est différente de la vôtre. Sachez que nous évoquons la question de la problématique des mobilités dans une perspective multimodale, là où votre vœu ne propose rien. Nous proposons donc un vœu de l’Exécutif qui rappelle ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons.

Nous agissons pour réduire la pollution atmosphérique de fond à Paris. Depuis 2001, la politique qui a été mise en place a permis de diminuer d’un tiers le nombre de véhicules circulant dans Paris. L’étude d’Airparif de 2013 montrait une baisse globale de 10 % des émissions de polluants à Paris et soulignait le rôle de la politique municipale dans cette diminution de la pollution. Les chiffres sont là, ils sont têtus, mais la politique que nous menons permet bel et bien de faire baisser la pollution atmosphérique à Paris. Nous pouvons également être fiers d’être la première ville française à avoir mis en place une zone à basse émission, autrement dit une zone à circulation restreinte.

Puisque vous avez évoqué les pics de pollution à répétition, Madame KOSCIUSKO-MORIZET, je voudrais tout de même vous rafraîchir la mémoire et vous rappeler aussi que ce phénomène n’est pas que parisien. C’est un phénomène national, voire même européen, que la moitié des émissions le sont à cause du trafic routier et que les pics de pollution que nous avons vécus sont des pics aux particules fines qui sont notamment dus à la diésélisation du parc automobile qui – il faut le rappeler – a été encouragée par le Gouvernement dont vous étiez membre lorsque vous étiez Secrétaire d’État à l’Ecologie en 2008 puisqu’avec le bonus-malus, vous avez dopé les ventes de voitures diesel. Et malheureusement, on en paie le prix aujourd’hui.

Vous prétendez également que la Ville s’est sous-investie depuis dix-huit ans pour les transports en commun alors que la contribution annuelle de la Ville de Paris au budget de fonctionnement du S.T.I.F. est de près de 400 millions d’euros, dont au moins 100 millions d’euros peuvent être considérés comme de la péréquation en faveur du développement des modes de transports dans les autres collectivités d’Ile-de-France. Ce sont près de 1 milliard d’euros qui seront investis dans cette mandature en faveur du développement des transports collectifs sans compter Velib’, Autolib’, le développement métropolitain de Velib’ ou encore la construction d’une zone à circulation restreinte à l’échelle métropolitaine que nous appelons de nos vœux.

Mais notre vœu rappelle également que, sur les transports collectifs, c’est au S.T.I.F. de nous accompagner. Nous allons donc saisir la Présidente du S.T.I.F. pour que, dans l’année, elle nous présente un plan d’amélioration de la qualité du service dans le métro, notamment en matière de propreté et de qualité de l’air, et pour que nous soient précisés les moyens qui seront consacrés par le S.T.I.F. au projet de restructuration du réseau de bus parisien, dont la concertation vient de s’achever.

En conclusion, Madame la Maire, je voudrais souligner que ce travail, ce Plan piéton a été l’objet d’une démarche partenariale et transversale. Je veux remercier en particulier les équipes de la Direction de la Voirie et des Déplacements, et en particulier notre précieuse Agence de la mobilité qui est à l’origine de ces réflexions, qui a porté avec conviction ce travail de co-élaboration particulièrement remarquable en lien avec l’Atelier parisien d’urbanisme.

Je voudrais rappeler aussi à ceux qui disent que nous n’avons pas fait de concertation qu’au cours des derniers mois, tous les acteurs ont été consultés et associés : les mairies d’arrondissement, les groupes politiques ont été associés à ce travail. Cette démarche a associé aussi les partenaires institutionnels comme la R.A.T.P., la Préfecture de police, les chambres consulaires, les associations mobilisées pour le partage de l’espace public, mais aussi des chercheurs scientifiques qui s’intéressent de plus en plus à la question du piéton dans la ville.

Ce travail a été mené aussi avec l’ensemble des Directions de la Ville et avec mes collègues que je tiens à saluer et qui sont attachés à cette démarche. Il s’agit de développer à travers ce projet des rues sportives qui sont portées par notre collègue Jean-François MARTINS, les rues végétales ou encore la végétalisation de l’espace public portée par Pénélope KOMITÈS et l’art dans la rue qui est cher à Bruno JULLIARD. Il s’agit de favoriser le commerce de proximité, comme Olivia POLSKI. Il s’agit d’agir pour l’égalité entre les femmes et les hommes qui doivent toutes et tous trouver leur place dans l’espace public comme le porte sans relâche Hélène BIDARD. Sans compter les enjeux de santé dont j’ai parlé et Bernard JOMIER est également investi sur cette stratégie.

En conclusion, Madame la Maire, que chacune et chacun, ayant mis sa pierre à l’édifice de cette collaboration, soit sincèrement remercié pour l’élaboration de cette stratégie « piéton ».

Merci.

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