Reconquête des voies sur berges rive droite : plus que 9 mois à attendre
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Intervention de Christophe Najdovski relative au lancement de l’aménagement des berges de la rive droite

 

 

Nous arrivons. C’est une nouvelle étape de reconquête des berges de Seine que nous portons aujourd’hui, suite à la concertation qui s’est tenue du 22 juin jusqu’à la fin du mois d’octobre de l’année 2015.

Ce sont non seulement quatre réunions publiques qui se sont déroulées, c’est une réunion publique métropolitaine, une exposition à l’Hôtel de Ville, une exposition itinérante sur les berges de Rive gauche, puis à Paris Plages, des registres dans les arrondissements concernés, à Paris Rendez-vous, à Paris Plages, sur les berges de Rive gauche, c’est une marche exploratoire sur le site, c’est une concertation en ligne avec une campagne participative, c’est une concertation partenariale également à l’échelle de la Métropole, avec une réunion présidée par la Maire de Paris.

Au total, c’est 933 contributions en tout qui ont été recueillies.

Effectivement, dans ces contributions, il y a une majorité d’opinions favorables et je ne méconnais pas non plus que des inquiétudes se sont exprimées, notamment qui se sont traduites dans un certain nombre d’opinions défavorables concernant ce projet.

Il convient de préciser tout d’abord que, pour ce qui concerne la question du trafic, aujourd’hui nous sommes sur un volume de trafic automobile qui, sur la voie rive droite, a déjà diminué de 23 % en volume depuis les aménagements réalisés en 2012. Le trafic sur la berge rive droite aujourd’hui est proche de celui qu’on avait sur la rive gauche avant sa piétonisation. Les études de circulation ont montré qu’il n’y avait pas d’impact sur la circulation en dehors de Paris et que l’impact était localisé dans le Centre, avec une augmentation estimée du temps de parcours dans les cas de la fermeture complète entre le tunnel des tuileries et le tunnel Henri IV de 5 à 7 minutes.

Ces résultats sont des résultats théoriques de modélisation qui ne prennent pas en compte les modifications de comportement. Ce que nous a montré l’expérience et la réalité, c’est que la réalité est plus favorable que les simulations, que les pertes de temps de parcours effectifs aujourd’hui sont bien moindres que ce qui avait été prévu par les modélisations. C’est ce qu’on a pu observer sur la rive gauche.

Cette évolution des comportements effectivement tient compte de ce que l’on appelle l’évaporation de la circulation, c’est-à-dire l’adaptation des déplacements, moins de déplacements qui sont effectués quand on a moins d’espace. C’est aussi le fait que la demande de déplacements automobiles diminue avec la diminution de l’offre de voies rapides. Toute la recherche académique a montré que, quand on diminue l’offre de voies rapides, il y a une diminution de la demande de déplacements automobiles.

Le projet que nous avons retenu à l’issue de la concertation, c’est celui du scénario le plus ambitieux : le scénario 2 qui est celui de rendre 3,3 kilomètres d’itinéraires aux piétons et cyclistes ; c’est celui de rendre 4,5 hectares d’espaces à tous.

Ce projet, comme l’a souligné notre collègue Catherine BARATTI-ELBAZ, va garantir la continuité au-delà de simplement la liaison entre Bastille et Tour Eiffel, puisque nous pourrons au-delà à l’Est aller vers la promenade plantée et vers le bois de Vincennes.

C’est un projet global qui comprend à la fois la piétonisation des berges basses, mais aussi un réaménagement des quais hauts, avec un projet de transports en commun en site propre que nous avons lancé et pour lequel les études sont en cours.

Ce sont aussi des renforts de transports collectifs sur les lignes de bus existantes dès 2016, de manière à pouvoir offrir une alternative supplémentaire en matière de transports collectifs.

C’est aussi le partage d’objectifs communs avec les partenaires que sont Port de Paris sur la qualité urbaine et paysagère de ce site exceptionnel, mais aussi sur le potentiel de développement d’une activité liée au fret et à la logistique urbaine.

Ce projet vise aussi à rendre les berges accessibles à tous et toutes, avec des dispositifs adaptés pour compléter, le cas échéant, les rampes qui ont été aménagées en 2012, conformément aux normes d’accessibilité en lien avec la Commission d’accessibilité départementale.

Il s’agit également de réaliser un aménagement sobre qui respecte à la fois les exigences de réversibilité mais aussi par rapport à la question de l’inondabilité des berges.

Il s’agit aussi à travers ce projet de végétaliser ou de décloisonner le square Federico Garcia Lorca situé aujourd’hui au pied de l’Hôtel de Ville et qui est malheureusement peu mis en valeur.

Il s’agit enfin de rendre possible tout simplement de nouveaux usages, grâce aux appels à projets pour les locaux en fond de quai, pour les tunnels et pour le fleuve.

Ces projets peuvent concerner la culture, le sport, le tourisme, l’économie sociale et solidaire, la logistique urbaine, la restauration, l’agriculture urbaine. Bref, tout un tas de projets qui visent à animer ces berges et à les rendre vivantes.

Face à ce projet, l’opposition de droite finalement est en panne d’imagination. Elle nous a proposé un contre-projet pour 60 millions d’euros. 60 millions d’euros quand même, alors que notre projet fait dans la sobriété avec seulement un investissement de 8 millions d’euros. Le contre-projet de la droite consiste simplement à créer de nouvelles rentes automobiles et à maintenir une fonction d’autoroute urbaine au cœur de Paris pour un montant de 60 millions d’euros. Les Parisiens pourront juger de l’inanité de cette proposition.

Quant au projet et à la demande de moratoire du groupe UDI-MODEM pardonnez-moi, mais il s’agit du choix de l’immobilisme. Demander un moratoire de deux ans, c’est vouloir l’immobilisme, nous sommes désolés, mais nous voulons au contraire le mouvement.

Ce mouvement, c’est un mouvement que d’autres capitales du monde entier ont déjà entamé et Paris ne peut rester à la remorque de ce mouvement.

Je voudrais préciser également que ce projet va faire l’objet d’une étude d’impact qui sera disponible au début de l’année 2016. Une nouvelle phase de consultation du public sera organisée dans le courant du premier semestre selon des modalités qui doivent encore être affinées avec les services de l’Etat.

Nous poursuivons toujours l’objectif d’un calendrier d’ouverture de ces berges rive droite aux piétons à l’issue de l’opération Paris Plages, c’est-à-dire à l’horizon de septembre 2016.

En conclusion, je voudrais vous dire trois choses.

La première, c’est soyons heureux. Soyons heureux, car la fermeture des berges aura un impact énorme pour notre capitale et pour notre métropole.

Imaginez simplement que nous en aurons fini, Monsieur GOUJON, avec cette autoroute urbaine qui transperce et défigure la plus belle ville du monde en son cœur. Paris s’est construite autour de son fleuve nourricier, et les berges de Seine figurent parmi les plus beaux sites urbains. Donc oui, félicitons-nous que cet espace soit enfin accessible à tous.

La deuxième chose c’est soyons modeste, mais aussi ambitieux.

Nous ne sommes pas seuls. De nombreuses villes de par le monde ont déjà engagé ce mouvement, elles ont coupé les autoroutes urbaines en leur centre. Paris est la seule ville de cette envergure à avoir encore une autoroute en son centre-ville, qui plus est sur un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Je pourrais vous citer les exemples de ville comme Séoul, New York, Portland, San Francisco, Seattle, Madrid, Barcelone, qui ont reconquis leurs centres et qui ont transformé ces autoroutes urbaines en boulevards urbains. Aucune de ces villes n’a sombré après la fermeture de ses autoroutes, il me semble.

En France on pourrait citer l’exemple de Lyon ou de Bordeaux qui ont reconquis leurs berges ou encore leurs quais avec beaucoup de bonheur.

Puisque l’on parle de Bordeaux, il y a dix jours, la Maire de Paris recevait, ici même à l’Hôtel de Ville, 1.000 maires du monde entier pour un sommet mondial sur le climat. 1.000 maires qui sont des acteurs engagés de la lutte contre le changement climatique qui innovent, qui portent des projets.

Quand le maire de Bordeaux a été interrogé par l’animatrice sur le projet dont il était le plus fier, après un court instant de réflexion, il a cité le projet des quais de la Garonne. Les quais de la Garonne qui, il y a 10 ans, était une autoroute urbaine, comparable à celle que nous avons aujourd’hui, en plein cœur de notre Capitale, et qui aujourd’hui sont l’un des lieux les plus prisés des Bordelais, mais au-delà de tous ceux qui aiment cette ville et qui visitent la ville de Bordeaux.

Donc, moi je dis à la droite de cet hémicycle, et au centre, que vous devriez peut-être davantage regarder ce que font les maires quand ils sont en responsabilité.

La troisième chose que je voudrais vous dire, c’est : soyons courageux. L’autoroute urbaine des berges de Seine est d’un autre temps. Elle est le fruit d’un urbanisme du siècle passé qui, aujourd’hui, n’est plus de mise.

Notre ville est l’une des villes les plus denses au monde. Que cherchons-nous à faire ? Quelle est notre priorité ? Déplacer les voitures qui, je le rappelle, sont remplies en règle générale à 20 % de leur capacité ? Ou bien déplacer des personnes ? Eh bien nous sommes favorables à donner la priorité aux aménagements en faveur des personnes.

A largeur équivalente, un aménagement piéton va autoriser le déplacement de 10 fois plus de personnes qu’une voie pour voiture.

La comparaison est également favorable aux vélos, avec des aménagements capables de transporter deux fois plus de personnes.

Bien sûr, il convient d’accompagner la fermeture des voies sur berges par d’autres mesures. Nous investissons, dans le cadre de notre programme d’investissement de mandature, 1, 8 milliard d’euros dans le secteur des transports et plus de la moitié, c’est-à-dire plus de 900 millions d’euros iront dans le développement des transports collectifs.

Nous allons également investir 150 millions pour créer des aménagements vélo. Nous avons annoncé la mise en place de zones à trafic limité, d’axes à ultra-basses émissions dans le Plan anti-pollution. Nous travaillons à la mise en place de nouvelles lignes de transport en commun sur les quais hauts et entre les gares.

Tous ces projets accompagneront la fermeture des voies sur berges et feront que demain il sera possible de se déplacer autrement.

Ayons donc le courage d’offrir un futur réjouissant aux Parisiens et aux Franciliens.

Oui, nous le savons, c’est tout un symbole de fermer une voie qui porte le nom de Georges Pompidou qui déclara en son temps vouloir adapter la ville à la voiture.

Il est temps pour Paris, aux Parisiens, de proposer autre chose. Il est temps de proposer aux Parisiens autre chose qu’un futur ressemblant aux années 1970.

Il est temps de proposer un autre futur que celui des années 1970, alors soyons heureux, soyons ambitieux, soyons courageux. Vive les berges de Seine rendues aux piétons et aux amoureux de Paris !

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