Autonomie des jeunes : l’État doit prendre toute sa part
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Intervention d’Yves Contassot relative à la jeunesse à Paris

 

 

Joëlle Morel a mis en valeur le travail de nos élus locaux soucieux d’améliorer la réussite  du plus grand nombre de jeunes – qui nous le constatons tous les jours –  ne sont pas un groupe monolithique partageant tous les mêmes aspirations et vivant tous les mêmes situations.

C’est en revanche une génération qui veut entrer de plain-pied dans une société qui est vieillissante. Elle enrage de piétiner à son seuil. Paradoxalement, elle ne veut rien renverser, mais trouve toutes les portes fermées et envoie un avertissement.

Besoin d’expression étouffé. Frustrations de ne pas avoir de place, de n’obtenir aucune reconnaissance sociale, de ne pouvoir devenir des citoyens à part entière, dotés d’un travail et d’un logement. Trajectoires déviées parce que l’emploi trouvé ne correspond pas aux études. Craintes pour l’avenir. Défiance vis-à-vis du politique… la liste est longue.

La démocratisation des formations d’enseignement supérieur reste encore un leurre. Les chiffres de l’Insee sur l’origine socioprofessionnelle des étudiants français montrent que seuls 9 % des étudiants sont issus de familles d’ouvriers et 12 % d’employés. Par ailleurs, 35 % d’entre eux cumulent études et emplois, constituant l’un des réels facteurs de l’échec en premier cycle. Le taux de pauvreté des jeunes de moins de 25 ans est quasiment le double des actifs adultes.

Dans ce contexte, les 145 mesures de ce plan de mandature pour l’autonomie des jeunes parisiens montrent la volonté de notre majorité d’orienter de nombreuses politiques publiques en faveur des jeunes dans leur diversité. C’est un fait.

 

Néanmoins, une réelle autonomie des jeunes n’existera que si l’Etat y prend toute sa part.

C’est pourquoi les écologistes portent depuis plusieurs années, la mise en place d’une allocation d’autonomie permettant à chacun de mieux choisir son parcours et de rétablir une forme d’égalité des chances. Le corollaire indispensable de ce système est un vrai service public de l’orientation et une réforme de la fiscalité !

J’insisterai et je terminerai mon propos là-dessus. Un des grands chantiers que devrait mener un gouvernement de gauche c’est la conduite d’une véritable révolution fiscale qui passe par une individualisation de l’impôt, y compris pour les jeunes à partir de 18 ans.

Notre fiscalité se caractérise par une dégressivité qui détruit le lien de confiance entre les citoyens et l’impôt, c’est-à-dire le fait que les plus pauvres payent proportionnellement plus d’impôts que les plus riches.

L’individualisation de l’impôt sur le revenu est en train de devenir la norme en Europe (Royaume-Uni, Italie, etc.). Elle a pour intérêt de simplifier l’impôt, et en particulier de faciliter l’application du prélèvement à la source.

Le rattachement fiscal des jeunes à leurs parents nuit dans bien des cas à leur autonomie.

L’individualisation de l’impôt doit se conjuguer avec la suppression du quotient familial, véritable outil de discrimination fiscale au profit des plus riches.

Comment justifier qu’un enfant rapporte une diminution d’impôt considérable pour les plus hauts revenus et quasiment rien pour les plus modestes ?

Cette inégalité est une des plus fortes qu’on puisse trouver en France.

L’intérêt de rendre l’impôt proportionnel et individuel est d’en finir avec ces opérations alambiquées et de faire progresser l’égalité hommes/femmes et l’autonomie des jeunes.

De l’enfant qui apprend à marcher seul, au jeune qui quitte le domicile familial, l’acquisition de l’autonomie est un processus qui doit être davantage compris et accompagné.

Je vous remercie

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