De Lima à Paris : avançons sur le chemin des solutions au dérèglement climatique
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En septembre dernier, lors de la Marche pour le Climat, nous étions près de 600.000 citoyens à défiler dans la rue, partout dans le monde. Cette formidable mobilisation témoigne des attentes et de l’espoir portés par la société civile. Les enjeux climatiques traversent désormais la société dans son ensemble, alors que le récent rapport du GIEC nous intime d’agir sans tarder.

Le constat est sans appel : le dérèglement climatique est indéniable, la responsabilité de l’homme incontestable. La méconnaissance ou le déni sont désormais loin derrière nous. Nous en vivons les premières conséquences aujourd’hui et dans toutes les régions du globe. En 2013, ce sont près de 22 millions de personnes, soit l’équivalent de la population du Grand New York, qui ont dû changer de lieu d’habitation en raison du dérèglement climatique. L’année 2014 est en passe de devenir l’année la plus chaude jamais observée depuis le XIXe siècle alors que les évènements climatiques extrêmes se multiplient partout sur le globe. Ainsi, nous sommes la première génération à être témoin des conséquences de la dégradation de notre environnement, et nous sommes probablement la dernière qui soit en mesure d’agir efficacement pour éviter des conséquences irrémédiables.

Si le dernier rapport du GIEC est alarmant, il est également porteur d’espoir : il n’est pas trop tard pour agir et les solutions existent. Le dérèglement climatique est un défi à relever, mais c’est aussi une opportunité pour repenser nos choix de société. Cela passe par l’abandon des énergies fossiles, fortement émettrices de gaz à effets de serre, et par un développement massif de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. En 2012, ce sont près de 775 milliards de dollars de subventions qui ont été attribuées pour la production et l’utilisation des énergies fossiles, contre 100 milliards pour les énergies renouvelables. Si les solutions aux dérèglements climatiques sont techniquement possibles à mettre en œuvre, elles sont également rentables pour l’économie et créatrices d’emplois. Le rapport du GIEC estime qu’un investissement ambitieux en faveur de la transition énergétique n’aurait un impact que de 0,06% sur la croissance mondiale. Nous sommes bien loin de l’idée spécieuse d’une « écologie punitive » et d’un retour à l’âge de pierre.

L’absence d’écologie, elle, est, et sera punitive, et en premier lieu pour les plus démunis. Les solutions au dérèglement climatique revêtent un caractère intrinsèque de justice sociale. Ce sont bien les populations les plus fragiles socialement qui sont les plus exposées aux conséquences du changement climatique. A la précarité énergétique, l’écologie politique offre des réponses adéquates. Cela passe par la rénovation thermique des bâtiments, par la sobriété énergétique, par des mesures d’adaptation et par la solidarité à toutes les échelles. Face au défi du dérèglement climatique, il nous faut apporter une réponse forte, construire une société résolument tournée vers l’avenir, plus juste et plus sobre, apaisée et créative.

Au niveau international, les signaux positifs se sont multipliés. L’Union européenne et les Etats-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, alors que la Chine s’est pour la première fois engagée à plafonner ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Ces premiers pas sont certes encore insuffisants. Mais ils contribuent à relancer une dynamique positive dans les négociations. D’autres pas, plus affirmés, plus courageux, seront nécessaires pour cheminer sur la voie qui nous mène à la Conférence de Paris sur le Climat en 2015 (COP 21).

Ce chemin passe par la conférence sur le climat qui a lieu en ce moment même à Lima. Cet événement est essentiel pour préparer l’accord que les Etats devront adopter lors de la COP 21 à Paris l’an prochain. La conférence de Lima est également l’occasion pour les villes du monde de prendre part activement aux réflexions et aux débats, car elles portent aujourd’hui de nombreuses solutions. J’ai pu constater cette large mobilisation des villes lors du sommet exceptionnel sur le climat de New York en septembre dernier. C’est pourquoi, en tant qu’adjointe à la Maire de Paris, je serai à Lima pour relayer la parole de la Ville de Paris et partager notre expérience en matière de transition écologique. Dès 2007, la Ville de Paris a adopté à l’unanimité un Plan Climat ambitieux se fixant notamment pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 75% d’ici à 2050. Dans cette lignée, en cette fin d’année 2014, j’ai obtenu que les bâtiments de la Ville soient approvisionnés par une électricité à 100% d’origine renouvelables. L’action de Paris face au dérèglement climatique est volontaire et à la hauteur de ses responsabilités ; même s’il nous faut aller encore plus loin en amplifiant notre action.

A un an de la COP 21, le chemin à parcourir reste important mais c’est par la mobilisation de tous : villes, états, entreprises et citoyens, que nous réussirons à construire une société capable de faire face au dérèglement climatique, une société plus sobre et plus juste.

Célia Blauel.

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